ZIMBABWE

11/03 au 10/04

Nous nous étions donnés rendez-vous avec nos amis voyageurs Nathalie et Jean, arrivés à Walvis Bay 2 mois après nous, car nos itinéraires se croisaient. Nous avions choisi de le faire au camp, toujours en cours d’aménagement, de Luc le français que nous avions rencontré l’année dernière.

Nous entrons en Namibie par Katima, tout au bout de la bande de Caprivi et en profitons pour faire remplacer nos pneus qui en avaient bien besoin après 50000 km dont un bon tiers de maltraitance sur des pistes avec des cailloux coupants et 0 crevaison malgré les grosses épines d’acacias sur lesquelles nous avions dû rouler.

C’est avec plaisir que nous retrouvons Nat et Jean à Kongola sur le terrain de Luc au bord de la rivière Kwando.

Le lendemain, Luc nous rejoint et nous emmène à nouveau sur son bateau.

  Nous passons très près d’hippopotames et de nénuphars en fleurs puis rentrons au coucher de soleil.

 Nous retournons tous sur Katima où Luc habite. Nous y restons 3 jours sur un camping en bord du Zambèze, toujours en compagnie de nos amis. Le dimanche Luc, sa femme Esther et leur fille Albertina se joignent à nous pour des grillades dans une ambiance sympathique.

Durant cette semaine passée en la compagnie de Nat et Jean, nous avons trouvé très agréable de se sentir sur la même longueur d’onde pour de longues discussions autour d’une bière ou d’un pastis!

Nous repartons maintenant seuls pour traverser la pointe nord du Botswana et rejoindre le Zimbabwe. Nous en profitons pour passer par le parc national Chobe River où nous voyons la faune sauvage habituelle , dont un lion pendant sa sieste.

Nous entrons au Zimbabwe et nous nous arrêtons  de nouveau aux chutes Victoria, pour aller les voir avec un peu moins de débit que lors de notre précédent passage et donc avec une meilleure visibilité, néanmoins la rumeur et les embruns sont toujours spectaculaires.

Plus au sud, nous visitons le parc national Hwange, la piste d’accès passe à côté d’immenses mines de charbon, richesse de cette région, puis s’enfonce dans la savane. Dans le parc les pistes sont irrégulièrement entretenues mais nous nous délectons à nouveau de la vue des animaux sauvages. Notre bivouac au bord du lac de Masuma est un régal, nous assistons à un joli coucher de soleil puis au lever de la pleine lune. Les hippos et crocos sont en grand nombre dans le lac et de nombreux éléphants viennent s’y abreuver.

Le lendemain nous allons à la ville de Hwange pour réapprovisionner en nourriture et en gasoil. Déjà pour la nourriture le choix est très limité, mais pour le gasoil les 3 stations-services de la ville n’en n’ont plus. Alors que nous étions dubitatifs sur un parking nous sommes approchés par Dennis qui nous dit beaucoup aimer Vagabond puis nous demande où nous comptons dormir car la ville n’est pas du tout touristique et n’a ni lodge ni camping. Nous lui disons que ce n’est pas ce qui nous préoccupe mais que c’est le manque de gasoil. Il nous explique alors que c’est habituel et se renseigne par les réseaux sociaux pour avoir les dates de livraison du carburant. L’une des stations doit être approvisionnée le lendemain. Il nous invite alors à venir nous garer à côté de sa maison et à profiter des facilités en nous laissant la porte ouverte. Dennis est sud- africain employé par la mine dans le social et vit ici 3 semaines par mois en colocation dans une résidence de la mine. Il nous invite à manger et voilà Françoise à préparer dans leur cuisine une omelette-bacon-oignon-chou- fleur… Merci à eux.
Le lendemain nous allons nous mettre à la queue à la station-service qui a bien été livrée mais nous devons payer cash en dollars US avec un change à 3.

Nous commençons à comprendre que l’économie s’est encore détériorée par rapport au passage de Nat et Jean quelques mois auparavant qui avaient pu payer par carte bancaire alors qu’on nous la refuse maintenant car c’est une carte internationale. Même les banques n’ont plus de dollars US. Les locaux utilisent beaucoup le payement Ecocash par téléphone mais nous ne pouvons alimenter la carte Sim car nous n’avons pas assez de liquidités.

Nous ne sommes pas rentrés au Zimbabwe avec assez de dollars US qui nous auraient permis de changer au noir pour des dollars Zimbabwéens au taux de 4,2.

Pour les règlements nous avons dû être vigilants car certains  commerçants peu scrupuleux (une minorité) nous proposaient le payement par carte bancaire mais la somme nous aurait été débitée en dollars US, le dollar zimbabwéen n’étant pas reconnu internationalement.

Le plein fait, nous repartons en direction du lac Kariba, une des plus grandes retenues d’eau artificielles du monde. Le Zambèze fait frontière  avec la Zambie où la chaine de montagnes du même nom longe le fleuve et le lac.

Du côté du Zimbabwe où nous sommes, nous roulons dans des plaines parsemées de villages aux huttes joliment décorées, construites autour de places en terre battue parfaitement ratissées et propres, souvent entourées de petits champs de maïs. Nous retrouvons les gros baobabs et profitons de l’ombre de l’un d’eux pour fêter l’anniversaire de notre  arrivée en Afrique.

Nous arrivons à Kariba au bout du lac et allons jusqu’au barrage qui fait frontière avec la Zambie, puis nous nous installons dans un camping avec piscine et terrain ouvert sur le lac. Les éléphants viennent parfois, pour preuve les traces trouvées sur notre emplacement. Le lendemain alors que nous nous baignons 2 éléphants sont arrivés pour aller se rafraîchir dans le lac puis ce fut le tour des zèbres.

Nous nous rendons tout au nord du pays pour visiter le parc de Mana Pools, coincé entre la Zambie au nord et le Mozambique à l’est. La piste, avec sa sévère tôle ondulée, nous oblige à rouler très lentement et nous avons tout loisir pour admirer les baobabs.

Dans le parc nous apprécions toujours autant de voir la faune africaine et de nombreux oiseaux. De plus, nous approchons pour la première fois les Lycaons ici appelés « African Wild dogs ou Painted Dogs » auxquels viennent se mêler 2 hyènes.

Un bivouac dans le parc au bord du Zambèze nous permet d’apprécier un beau lever de soleil, entourés d’Impalas.

A Harare, la capitale, nous essayons à nouveau de sortir des dollars US mais les banques n’en ont toujours pas. Nous décidons donc d’écourter notre visite du pays en zappant la partie Est proche du Mozambique, décision d’autant plus facile à prendre que le cyclone Idai qui a dévasté le mois dernier le Mozambique a aussi fait plus de 150 morts dans cette région du Zimbabwe.

Harare accueille chaque année un festival international de l’art et de nombreux sculpteurs s’y sont établis. Nous allons dans la banlieue , à Chapunga Village, où quelques artistes tailleurs de pierres se sont regroupés et exposent leurs créations d’art Shona devant leurs ateliers où nous les voyons œuvrer. Nous leur achetons pour 10$ une petite sculpture.

Nous décidons de retourner au Botswana en passant par Masvingo pour visiter les ruines de « Great Zimbabwe » , la plus grande ville de pierres sèches jamais construite au sud du Sahara. Elle a été pendant des siècles la résidence des rois et c’est elle qui a donné son nom au pays. Nom qui vient du Shona «  Zimba dza mabwe » (maisons de pierres). Le début de la construction du site est estimé au 12ème siècle et se serait prolongée jusqu’au 15ème siècle date à laquelle la ville abritait environ 20 000 personnes. A lui seul le mur du grand enclos a nécessité la taille dans les rochers de granits de plus d’un million de briques !

Sur le parking du site, nous rencontrons 2 couples de français étonnés de voir un véhicule immatriculé en France. Ils sont enthousiastes quand nous leur résumons notre voyage. Jacques, directeur de l’alliance Française à Harare sera bientôt retraité et envisage de parcourir l’Afrique avec sa femme dans le même style de véhicule, le moment venu. Les plus jeunes, Floriane et son mari sont enseignants à Harare et vivent en Afrique depuis plusieurs années. Les discussions vont bon train pendant plus d’une heure puis nous leur faisons part de nos problèmes d’argent. Jacques nous propose spontanément de nous laisser les 160$ qu’il a sur lui, argent que nous lui rendrons par l’intermédiaire de son confrère de Bulawayo, une ville à 270 km d’ici que nous devrons traverser pour nous rendre au Botswana ( leur statut de résident et leur réseau leur donnent la possibilité de retirer de l’argent avec notre carte). Bel exemple de solidarité entre expatriés qui nous a touchés. Merci à eux. Nous sommes désolés de ne pas avoir eu la présence d’esprit de noter leur nom. Cet argent en poche nous permet de ne pas nous précipiter pour sortir du pays.

Nous nous rendons à Bulawayo, ancienne ville coloniale, pour nous acquitter de notre dette

 puis en profitons pour aller au sud de la ville faire la visite du parc national de Matobo. Les empilements granitiques sont spectaculaires et le parc offre de beaux paysages mais sa partie nord réservée aux safaris nous a déçus car nous n’y avons vu aucun animal. Un autre attrait de ce parc est la visite de grottes ornées de dessins rupestres. Nous atteignons celle du rhino blanc après une courte marche mais les dessins sont assez peu visibles. Le lendemain nous partons pour une randonnée vers la grotte Nanke que nous devons atteindre après 6 km. Le parcours dans les rochers de granit, bien fléché sur les 4 premiers kilomètres entre dans un endroit de végétation plus dense et il nous est impossible de continuer, n’arrivant plus à trouver les flèches. Nous rebroussons chemin déçus de n’avoir pu aller jusqu’au bout car cette grotte serait la plus belle du Zimbabwe. Il reste tout de même une belle randonnée dans la nature intacte et la rencontre avec les babouins.

Ce parc aux pistes mal entretenues et aux installations sanitaires défectueuses est à l’image de la crise économique du pays. Dans les villes les queues aux rares stations-service approvisionnées sont impressionnantes (plusieurs heures ou jours, surtout pour l’essence un peu moins pour le gasoil) et celles des campagnes sont souvent fermées ou abandonnées.

Malgré cela la population est attachante. Tout au long des routes, hommes femmes et enfants nous saluent avec de grands gestes et de grands sourires, visiblement contents d’accueillir  des visiteurs. Dans d’autres circonstances nous serions restés plus longtemps ici.