Dès notre entrée en Argentine par le petit poste frontière d’Aguas Blancas, nous avons l’impression de nous être tout à coup rapprochés de l’Europe. Le parc automobile est en grande partie européen et le mode de vie des argentins nous paraît proche du nôtre, avec une bonne place accordée aux loisirs dont le camping car fait partie. Pour la première fois depuis le début du voyage nous ne sommes plus regardés comme des extra-terrestres, les fourgons aménagés étant ici monnaie courante. Les aires de pique-nique toutes aménagées de barbecues sont très fréquentées en musique. Notre 1ère étape est la belle ville de Salta puis nous partons sur la plus tranquille Cafayate.
La route passe au milieu de grands vignobles, puis à l’approche de Cafayate traverse le canyon de las Conchas où de remarquables formations rocheuses ont été nommées, comme El Sapo (le crapaud), la Garganta del Diablo (la gorge du diable) ou encore l’anfiteatro dans lequel un groupe musical indigène se produit.
C’est là que nous embarquons Ronald, autostoppeur Péruvien avec qui nous sympathisons. Nous le retenons pour le souper et la soirée se passe en discussions intéressantes. Ce jeune psychologue a mis une parenthèse à son boulot pour partir sillonner l’Amérique du Sud à vélo. Il nous fait l’éloge du Brésil dont il revient.
De Cafayate nous partons randonner sur les bords d’un torrent dans la vallée des 7 cascades parmi les cactus géants.
Nous partons par la vallée de Calchaquies sur la mythique route 40 (5000 km qui relie la Bolivie à Ushuaia), ici piste de terre qui grimpe sur près de 300 km à travers de superbes paysages jusqu’au col « Abra del Acay » à 4980 m où nous dînons en compagnie de renards.
En redescendant sur Salta nous traversons la Quebrada des Toro, toujours entourés de montagnes fort colorées.
Au Nord de Salta nous allons visiter le village de Purmamarca blotti au pied de la montagne aux 7 couleurs,
puis un peu plus loin nous nous arrêtons à Tilcara pour voir le site archéologique de Pucara qui a été entièrement reconstruit, lui faisant à notre goût perdre toute authenticité.
Une piste de terre nous amène jusqu’à un mirardor sur la montagne aux 14 couleurs ( seraient-ce les enchères sur le nombre de couleurs?). Alain profite de cette halte à 4350 m pour aller se tester à VTT à cette altitude, sur les sentiers environnants.
Nous continuons vers le nord pour voir la laguna de los Pozuelos, réserve nationale où vivent des milliers de flamants roses de plusieurs espèces, dont le très grand flamant Andin (le jeune a un bec jaune et noir) et le flamant austral.
Tout au long des routes argentines on voit des sanctuaires, tous peints en rouge et décorés de drapeaux rouges, vénérant le Gauchito Antonio Gil, ex révolutionnaire qui aida la population devenant un héros populaire national.
Pour nous rapprocher du Chili, nous passons par la laguna de Guyatayoc et Salinas Grandes, le plus grand salar d’Argentine avant d’arriver à Susques dont l’église date de 1598,en faisant la plus ancienne de la région.
Nous nous arrêtons bivouaquer au bord de la laguna “Ojo del Inca”qui s’est formée dans un petit cratère de volcan à quelques kilomètres de Potosi. C’est une lagune d’eau chaude, ce qui permet à Alain une baignade agréable malgrè l’altitude (3451 m) et la température extérieure limitée ( eh oui nous sommes ici en plein hiver!!).
Au lever du soleil, la vapeur qui s’élève du lac est du plus bel effet.
Nous arrivons à Potosi en pleine fête indigène, et assistons à des défilés en centre ville..
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ce qui n’est pas pour arranger la circulation… Potosi est installée au pied de la montagne Cerro Rico qui l’a faite prospérer. En effet ses entrailles recèlent quantité de riches minerais, principalement de l’argent. Nous allons visiter une des nombreuses galeries de cette mine d’état, toujours en activité et exploitée par des mineurs indépendants qui payent leur droit d’accès et leurs équipements. Avant d’entrer dans les galeries, nous nous équipons comme il se doit et achetons un bâton de dynamite ainsi qu’un sachet de feuilles de coca pour offrir aux mineurs. Pour supporter leurs longues journées de travail à 4400 m, à la lueur de leur lampe frontale, parfois dans des galeries trop basses pour pouvoir se redresser, ils mâchent en permanence des feuilles de coca. Alors que nous sommes au plus profond de notre visite, nous assistons à l’explosion d’une dynamite et devons attendre un moment que la poussière retombe avant de continuer. Dans la galerie principale, les wagonnets sont poussés par 2 mineurs, un troisième courant devant pour écarter les piétons.
Argent oblige, c’est dans la ville de Potosi qu’a été construit en 1572 le premier hôtel de la monnaie. Nous allons visiter le musée de cet hôtel qui présente les machines des diverses époques admirablement conservées et restaurées. Les premiers laminoirs étaient animés par des norias de chevaux faisant tourner de gigantesques engrenages de bois, puis en 1869 une machine à vapeur les a remplacés avant que l’électricité ne vienne régner. C’est ici qu’était frappée la monnaie pour l’Espagne du XVI au XIXè siècle, pour l’Argentine au XIXè et la Bolivie jusqu’en 1951.
Alors que nous roulons vers Sucre (capitale constitutionnelle de la Bolivie), et après avoir rencontré un couple de jeunes de Montpellier à vélo, nous nous arrêtons en pleine campagne auprès d’un camion immatriculé 06. Nous faisons la connaissance de Françoise et Jean, depuis 9 mois sur les routes d’Amérique du Sud. Les premiers échanges avec ce couple sont cordiaux et nous dînons ensemble.
Sucre est une belle ville, mais comme dans toutes les grandes villes nous ne nous y attardons pas, Alain piétinant rapidement entre les grands bâtiments, si beaux soient-ils.
Nous partons vers Uyuni, petite ville célèbre pour le Salar au bord duquel elle est bâtie. Le Salar est une vaste étendue plate de sel à 3700m d’altitude, large de 100 km du nord au sud et longue de 150km d’Est en Ouest.
Avant d’aller rouler dessus, nous nous arrêtons pour faire faire une pulvérisation d’huile sous Vagabond, une bonne prévention contre l’agressivité du sel. L’entrée du Salar est marquée par l’hôtel de sel, entièrement construit en pavés de sel taillés à même le sol, ainsi que par un monument de sel à l’effigie du Dakar.
Nous nous dirigeons d’abord vers le nord en visant le volcan Tunupa qui s’élève en bordure du Salar. Avec un tel point de repère, la navigation est des plus faciles, malgré le peu de traces visibles sur le sel losque le soleil est au zénith. Ainsi après 110 km en ligne droite nous arrivons à Coqueza, au pied du volcan Tunupa, pour une 1ère nuit sur l’étendue de sel. Au réveil il fait -7° dehors et 3,5° dans Vagabond, mais la beauté du lever du soleil sur le salar nous fait oublier cette fraîcheur.
Nous montons sur les contreforts du volcan pour visiter une grotte dans laquelle des momies naturelles de 3000 ans sont étonnement conservées.
Notre ascension continue parmi les lamas jusqu’à un mirador sur le volcan.
Nous repartons avec cette fois en point de mire la petite île Incahuasi au beau milieu du salar, sur laquelle se dressent de nombreux grands cactus candélabres. C’est le point de passage obligé des nombreux 4X4 Toyota des tours opérators qui sillonnent le salar et nous n’y ferons qu’une petite escale.
Nous nous arrêtons au beau milieu de nulle part pour qu’Alain aille se défouler à VTT sur une trentaine de kilomètres sur ce sel, avant le coucher de soleil. Parti à vélo il semble revenir sur un grand bi.
Les changements de couleur beige, rosé, blanc éclatant, orangé, matin, midi, soir sont spectaculaires.
Le lendemain nous terminons la traversée du salar pour atteindre Galaxias à flanc de montagne. Là, nous découvrons des cactus pétrifiés et dans des grottes à nouveau des momies.
C’est en repartant de ce site isolé que Vagabond décide de nous faire des siennes: la pédale d’embrayage s’enfonce d’un coup au plancher et ne veut plus remonter… La ville la plus proche est Uyuni,à plus de 150 km ,avec d’abord quelques km de piste de terre avant de redescendre sur le salar pour la grande traversée de sel… Alain décide d’actionner le démarreur, la 1ère courte en prise et nous voilà partis à 10km/h! Il nous faut une heure pour atteindre la descente vers le salar où Alain tente et réussit un démarrage 4ème courte en prise. A partir de là, interdiction de descendre en dessous de 40km/h sous peine de caler et de devoir repartir pour la traversée du salar à 10km/h. Challenge tenu, nous arrivons à l’aurore à Uyuni où nous avons le plaisir de retrouver Françoise et Jean qui nous proposent aussitôt de rester avec nous le temps de la réparation.
Nous trouvons un mécanicien en la personne du sympathique Walter sous l’enseigne “El Chileno”qui nous promet une réparation sous 48h, même si il faut tomber la boîte pour accéder au récepteur d’embrayage qui fait office de butée ,et même si il n’y a aucune pièce Mercedes dans la région, il nous assure qu’il pourra remplacer les joints de piston par des joints d’autres marques…. Le parc de véhicule est ici uniquement Toyota, et c’est la 1ère fois que nous sommes dans une ville où nous ne voyons aucun minibus Mercedes sprinter. De plus dans cette ville il n’y a aucun service de remorquage.
Dans la cour en terre battue du “Chileno”, ferronnier mécanicien, Walter et Alain commencent les investigations sous le camion et ne repèrent pas tout de suite le problème. C’est en débranchant le réservoir de liquide d’embrayage qu’ils constatent qu’il est vide… alors que le niveau visible de l’extérieur est au maximum. Ils comprennent alors que le réservoir commun aux freins et à l’embrayage est cloisonné. Après démontage de la conduite métallique d’embrayage ils constatent qu’elle était en contact avec le chassis et que les vibrations l’ont usée jusqu’à la percer. Bien sûr la pulvérisation d’huile nous empêchait de repérer la fuite. Il ne restait plus qu’à faire un point de soudure, le remontage et la purge du système pour que le problème soit résolu. La journée de travail plus fournitures nous sera tout de même revenue à 78€! et encore Walter a l’air géné de nous demander une telle somme.
Françoise et Jean ayant prévu le même itinéraire que nous pour les quelques jours suivants, nous décidons de faire route ensemble. Ainsi nous voici partis pour 350km de pistes de terre à travers les Andes, 4 jours pendant lesquels nous n’allons croiser qu’une dizaine de véhicules et découvrir des paysages de toute beauté, décors de Far West dans ces montagnes arides et colorées d’où émergent parfois de grands cactus. Chaque soir le bivouac avec nos amis dans ces décors grandioses est un enchantement.
Nous avons donc passé 7 jours ( y compris le salar) sans mettre nos roues sur une route goudronnée avant de descendre sur Tarija (1800m-voilà 2mois que nous n’étions pas descendus si bas!) et sa vallée réputée pour ses vignobles. Là nous nous engageons sur un chemin de vigne où nous croisons un camion, nous demandons à son chauffeur viticulteur si il y a la possibilité de visiter un vignoble dans les environs et sommes immédiatement invités à venir chez lui déguster sa production. Nous en repartons avec 3 litres que nous réserverons aux apéritifs car ces vins sont très sucrés.
Le soir, à la recherche d’un bivouac nous arrivons par hasard, au bout d’une route pavée, sur l’entrée de la propriété Kolhberg, le plus prestigieux domaine viticole de Bolivie. Nous allons dormir devant la demeure après avoir demandé au gardien qui en a lui même référé au propriétaire. C’est ainsi que le matin, Mr Franz Kolhberg vient lui même, heureux d’accueillir des français, pour nous faire visiter son super domaine familial. Dans son salon de dégustation il nous ouvre 2 de ses meilleurs crus et nous fait cadeau de 2 bouteilles que nous avons particulièrement appréciées.
Nous continuons notre route vers la frontière de l’Argentine et les paysages changent totalement. Nous sommes maintenant,à basse altitude, dans des plaines fertiles, verdoyantes parmi les bananiers, orangers, mandariniers, plantations de maïs, de cannes à sucre et autres manguiers.
C’est à la frontière que nos routes se séparent avec Françoise et Jean car ils rentrent en France et se dirigent donc vers l’Atlantique. Bonne route à eux et bon retour en France.
La Bolivie est assurément le plus pauvre des pays que nous avons visités en Amérique. Nous sommes tombés sous le charme des paysages de l’Altiplano et autres merveilles de la nature dont les volcans enneigés et le Salar d’Uyuni.
Nous entrons en Bolivie par le poste frontière de Kasani au bord du lac Titicaca. Une simple chaîne tendue en travers de la route nous indique que nous allons traverser la frontière. Dans cette rue semi désertique nous devons chercher les bureaux pour faire tamponner nos passeports. Le douanier nous demande si nous sommes des descendants de Napoléon puis nous parle de Louis de Funès, ses références françaises. Après ces formalités, c’est Françoise qui doit abaisser la chaîne afin de continuer notre chemin…
Quelques kilomètres plus loin nous arrivons à Copacabana logée au creux d’une belle baie du plus grand lac d’altitude du monde qu’est le lac Titicaca (3800 m d’altitude). Nous y restons 3 jours afin de profiter de ce site avec ses magnifiques couchers de soleil mais aussi pour mettre notre blog à jour, faire laver notre linge et découvrir les restos de plage qui préparent de succulentes truites saumonées et discuter avec Pepette, Jordan et Anatole 3 jeunes français qui découvrent l’Amérique du Sud en voiture.
La basilique « Virgen de Candelaria » est un lieu de pélerinage important pour les Boliviens. Le dimanche nous voyons arriver au bord de la plage des voitures décorées et fleuries qui viennent traditionnellement d’être bénies par son curé.
Pour se rendre vers la Paz, il faut traverser un détroit au bas du lac en empruntant un traversier très rustique sur lequel il faut bien regarder où l’on met ses roues. Pour nous rassurer, nous en croisons un dont le pilote est en train d’écoper….
Nous nous rapprochons de la frontière Péruvienne pour visiter le site archéologique de Tiwanaku. La culture Tiwanaku, originaire du lac Titicaca, s’est développée et étendue pendant presque 3000 ans pour disparaître au cours du XI ème siècle. Le site monumental que nous voyons est le témoin de ce glorieux passé. Cette civilisation était étonnement avancée dans de nombreux domaines comme l’agriculture et l’irrigation ( ce furent les premiers de la planète à s’alimenter de pomme de terre). Témoin aussi de leur ingéniérie, cette pierre porte-voix que nous avons expérimentée en chuchotant en son centre, obtenant une amplification sonore surprenante. Diverses sculptures de monolithes bien conservées sont réparties sur ce site.
En se rapprochent de la Paz, nous avons en toile de fond la Cordillère Royale avec sa série de sommets enneigés.
Pour visiter La Paz , capitale administrative de la Bolivie, nous laissons Vagabond à Mallasa, banlieue chic, quelques kilomètres à l’extérieur de la ville, établie dans la jolie Vallée de la Lune.
Nous prenons un bus d’un autre âge pour nous rendre au centre ville voir ses nombreuses églises et grands bâtiments coloniaux.
La vieille ville est nichée à 3600 m au fond d’une cuvette, comme un effondrement de l’Altiplano qui l’entoure ; Pour y arriver nous traversons sur une trentaine de kilomètres « El Alto », la banlieue qui s’est tentaculairement développée sur les hauts plateaux à plus de 4000m, et la plongée vers le centre est spectaculaire. Plusieurs téléphériques facilitent les déplacements.
Alors que nous retournons sur Mallasa à bord d’un « collectivo », une jeune femme assise à côté de nous, nous entendant parler français, nous aborde pour connaître notre voyage. Nous lui expliquons notre manière de voyager qu’elle trouve « incroyable » puis nous explique qu’elle est journaliste à la télé de la Paz ; Après un coup de fil à sa rédaction, elle nous propose de venir tourner le lendemain matin pour un passage en direct à la télé. Nous acceptons et l’accueillons dans Vagabond accompagnée de son cameraman qui filme en détail notre interieur, les toilettes, le frigo, la cuisine et même un gros plan sur les photos des petits enfants affichées sur la porte de la lingère. Qui aurait cru qu’un jour Thomas, Bastien, Edward et Amanda passeraient à la télé en Bolivie ??? Le lendemain une journaliste d’un périodique nous contacte pour faire un papier sur notre voyage et nous voici à nouveau à répondre à une interwiew. Nous aurons droit à une page entière dans le journal le plus populaire de la ville !
Au nord de la Paz nous empruntons la piste qui grimpe sur la montagne Chacaltaya. Nous nous arrêtons isolés en pleine montagne à 4600 m au bord d’une lagune. Nous allons demander à la seule petite maison qui se trouve là si nous pouvons rester là pour la nuit. Le propriétaire nous répond avec le sourire en nous disant : « je vous ai vus à la télé, vous et votre camion ; c’est vous les français qui faîtes ce grand voyage ! ».
Après une nuit tranquille mais un peu fraîche nous continuons notre montée jusqu’au parking à 5242 m. Nous y laissons Vagabond pour gravir à pied et sous la neige le sommet du Chacaltaya à 5421 m ( à ce jour notre record d’altitude).
Pour se rendre au parc national de Sajama, nous roulons sur l’Altiplano à travers des paysages toujours très colorés, ne rencontrant que très peu de voitures mais de nombreux lamas.
Nous passons aussi à côté de nombreuses tombes précolombiennes ainsi que de belles églises coloniales dont celle de Curahuara richement décorée, ce qui lui vaut l’appellation de « Chapelle Sixtine de l’Altiplano ».
Nous bivouaquons sur l’Altiplano dans un tout petit hameau et allons bavarder avec Edouardo, l’habitant le plus proche qui vit chichement avec ses vaches dans sa petite maison d’adobe sans chauffage ni électricité ni eau courante. Celui-ci curieux de notre voyage et de notre mode de vie s’est extasié devant le confort dont nous jouissons.
Le parc de Sajama est sur un plateau à 4300 m entouré de volcans dont les sommets sont à plus de 6000 m. Parmi eux, le nevado Sajama qui est le plus haut sommet de Bolivie à 6542 m. C’est dans ce cadre somptueux que nous voyons des geysers et même des autruches, puis allons profiter des piscines d’eaux thermales (à plus de 30°).
Nous passons à côté du lac Uru Uru qui est peuplé de nombreux flamants roses et autres oiseaux puis faisons le tour de la « laguna Poopo »mais ne parvenons pas à l’approcher.
Si nous donnons autant de chiffres d’altitude c’est parce que c’est,pour nous Européens, un facteur inhabituel auquel, ici en Bolivie, nous devons nous adapter quotidiennement.
De la Montaña Colorada nous partons de bon matin vers le cañon del Colca afin de voir les mythiques condors qui l’habitent.
Cet oiseau, parmi les plus grands du monde, plane avec une élégance rare et nous pouvons en admirer au dessus, en face et au dessous de nous. Cette espèce est menacée car ils s’empoisonnent en mangeant des animaux eux mêmes empoisonnés.
La route pour rallier Arequipa passe au cœur des Andes. Nous roulons sur des hauts plateaux puis passons par un col à 4910 m avec vue sur des volcans enneigés à plus de 6000 m dont le volcan « Sabamcaya » toujours fumant.
La ville d’Arequipa, tout au pied du volcan Misti, possède un centre historique qui est un modèle d’architecture coloniale. L’imposante cathédrale construite en pierre de lave blanche trône sur la Plaza de Armas entourée sur ses trois autres côtés par de magnifiques arcades.
Curieusement les confessions se font à l’extérieur de la cathédrale.
Pour nous rendre d’Arequipa au lac Titicaca, nous empruntons l’ancienne piste qui passe par las Salinas, un grand lac salé à 4300 m d’altitude où le sel est toujours exploité. Nous nous retrouvons sur un chemin en mauvais état sur lequel nous ne croisons que deux vieux autobus sur toute la journée. En fin d’après midi, nous roulons sous la neige et la piste reste toujours entre 4600 et 4700 m, des altitudes où nous ne voulons pas passer la nuit. Nous continuons donc jusqu’à la nuit pour enfin réamorcer une descente et arrivons dans un petit hameau à 4200 m où nous bivouaquons. Le matin, il fait -7° dehors et 3,5° dans Vagabond mais nous sommes au chaud sous nos 2 couettes. Le chauffage, la gazinière et le soleil ont vite fait de rétablir une température plus confortable.
Nous reprenons la piste sur une cinquantaine de kilomètres avant de retrouver le bitume de la route »normale » et d’entamer la descente sur Puno au bord du lac Titicaca (3800 m).
Là de nombreuses agences proposent la visite d’îles flottantes particulières à ce lac. Nous partons pour un tour de 3 heures visiter l’île d’Uros. Les indigènes qui l’habitent nous expliquent comment elles sont fabriquées. Marcher sur le moelleux de ces empilements de roseaux procure une sensation unique. Cette visite marque la fin de notre séjour au Pérou car nous sommes très proches de la frontière avec la Bolivie, notre prochaine destination.
Le Pérou que nous avions abordé, il y a 2 mois, par le nord ouest ne nous avait pas donné une bonne image avec la saleté, les habitations insalubres et l’indifférence de ses habitants. Là dessus, les incidents qui nous sont arrivés n’ont pas arrangé les choses. Puis peu à peu, en descendant vers le sud nous avons retrouvé un meilleur accueil et la propreté dans les villages et les montagnes de la cordillère. Ceci accompagné de paysages sompteux nous a totalement réconciliés avec ce pays.
Cusco signifie en quechua « nombril du monde » (désolé pour la gare de Perpignan). C’est dire l’importance que les Incas avaient donné à cette ville en y construisant temples et palais qui furent détruits par la conquête Espagnole à partir de 1533. Les principaux imposants édifices qu’ils construisirent en font une des plus belles cités d’Amérique Latine.
Au camping nous retrouvons des français que nous avions rencontrés à Paracas.
Sur les hauteurs de la ville, nous visitons le site Inca de Sacsayhuaman où nous admirons les ajustements entre les pierres, certaines atteignant 5 m de haut. La maîtrise Incas de la taille leur permettait des assemblages sans aucun ciment et les embriquements en faisaient des constructions antisismiques. C’était un lieu de culte au dieu soleil et aussi un observatoire astronomique.
Nous sommes à quelques jours du solstice d’hiver et toute la ville de Cusco est en fête pour célébrer l’Inti Rami, dont le point d’orgue est le 24 Juin, jour où sont attendus 50000 visiteurs ! Les bains de foule n’étant pas notre passion, nous en repartons le 22/06.
Cusco est aussi le point de départ pour le Machu Pichu dont la visite n’est pas de tout repos. Nous optons pour la formule qui nous paraît la plus économique : départ à 7h30 en mini bus pour atteindre 7 h plus tard « Hidroelectrica » au fond d’une vallée où la piste s’arrête. De là nous partons à pied le long de la voie de chemin de fer pour atteindre en 2h30 (11km plus loin)le village d’Aguas Calientes.
Après une nuit d’hôtel, lever à 4h du matin pour aller faire la queue aux navettes de bus qui vont nous amener à l’entrée du site à son ouverture à 7h. Sur le site, nous choisissons de gravir « la Montaña » pendant que la brume matinale se dissipe. Les 670m de dénivelé ont raison de Françoise qui s’arrête à mi parcours laissant à Alain le soin de lui ramener les photos aériennes prises du sommet. Idem pour les 330m de dénivelé qu’Alain repart grimper pour atteindre la porte du soleil avec de nouveau un superbe point de vue d’ensemble du site.
Nous déambulons alors dans les ruines parmi la maison de l’Inca, le temple des trois fenêtres, celui des trois portes, la pierre sacrée, le temple du Condor….
En fin d’après midi, retour en bus jusqu’à Aguas Calientes où nous retrouvons avec bonheur notre chambre d’hôtel. Le lendemain après une visite du village, nous repartons pour 2h30 de marche jusqu’à « Hidroelectrica »,puis nous repartons pour 7h de bus pour rentrer sur Cusco. Le Machu Pichu ça se mérite !!!
Nous quittons Cusco, pour atteindre à 4300 m le parking de départ du sentier menant à la « Montaña Colorada ». Cette marche de 6h nous permet d’admirer des paysages à couper le souffle (surtout au sommet à 5000 m!!) : vue sur le glacier Ausangate culminant à 6384m, vue sur la Montagne Arc en ciel et la montagne colorée… un festival de couleurs !!
De retour, au bord de la piste, nous voyons des résurgences d’eau bouillonnante dont la forte teneur en minerai laisse des traces colorées dans le style de Yellowstone.
Les maisons des villages de montagne sont construites avec des pavés d’adobe.
Arrêt dîner à 4200m, difficultés pour sortir le paquet de chips du placard, gonflé comme un ballon de baudruche.
Ici, les vaches n’ont pas d’étiquette, mais de jolis pendentifs aux oreilles.
Plus on monte, plus les chapeaux prennent aussi de la hauteur.
Brochettes d’Alpaga ou Chupe de camarones (soupe de crevettes avec lait, œuf et origan) les restaus offrent ici plus de diversité.
Les hauts plateaux sont l’habitat de quantité de vigognes, alpagas, lamas et de quelques moutons.
Arrêt dans un village où la fête de l’école bat son plein autour du thème de la gastronomie locale. Nous avons dégusté des plats à base de quinoa, de patate, d’avocat etc….
La route Panaméricaine passe par des hauts plateaux (2500-3000m) qui longent sur 100 km la Cordillère Blanche, coté ouest. Au premier plan, les vertes prairies font ressortir les hauts sommets enneigés dont plusieurs culminent à plus de 6000 m. Les paysages sont de toute beauté et nous ne cessons de nous enthousiamer à chacun des panoramas que nous découvrons.
Dans les parties les plus basses comme autour de Caraz, les terres fertiles sont cultivées de vastes étendues d’oeillets et de fraisiers.
Nous nous écartons maintes fois de la Panaméricaine pour pénétrer dans la cordillère. La route, ou plus souvent la piste, s’élève alors rapidement en serpentant dans d’étroites vallées,pour parfois dépasser les 4500 m. Une fois au coeur des montagnes, nous partons randonner vers lagunes et glaciers (laguna Paron, Laguna 69 -5h de marche-) parmi de jolies fleurs et de grandes cascades…
En déambulant dans Huaraz, on apprécie les quelques proches sommets blancs qui dominent la ville mais on redoute un peu les salles de l’hôpital beaucoup moins blanches ( Françoise pense à ses collègues!!!).
Nous nous rendons à Chavin pour voir un site archéologique et sommes étonnés de trouver des bougainvilliées dans ce village à 3160m d’altitude.
Le site date de 1200 av JC et reste entouré de grands mystères. Comment des gros rochers ont pu être transportés sur des dizaines de km à travers des montagnes accidentées, comment ont-ils été taillés etc…La maîtrise de l’eau est aussi surprenante pour l’époque, ils utilisaient l’effet venturi pour l’entrée de l’eau dans les canaux de drainage de la place, et d’autres canaux de dérivation des rivières passaient sous la pyramide. Ils étaient munis de regards afin de profiter de l’effet acoustique. A l’intérieur de la pyramide, un dédale de couloirs obscurs amène à une salle où trône une pierre haute de 5m taillée à l’effigie du Dieu Chavin.
Dés l’entrée dans le parc national de Huascaran nous voyons les Puyas. Ce sont des plantes qui croissent lentement jusqu’à 7 à 15 m entre 40 et 100 ans et fleurissent une seule fois dans leur vie. Entre les 400 et 500 épines de leur tronc apparaissent alors de 6000 à 10000 fleurs.
L’eau qui remplit les zones basses, naturellement filtrée et purifiée, est d’une transparence absolue.
Nous marchons jusqu’au mirador (5000 m)du glacier Pastoruri qui se termine dans une lagune. De retour, arrêt bivouac à l’entrée du parc à 4160 m absolument seuls dans cette suberbe vallée et la nuit venue nous en profitons pour admirer des milliers d’étoiles.
A la fin de la Cordillère Blanche, la Panaméricaine repart vers l’ouest et descend en continu sur 100 km, nous faisant passer de 4000 m à 100 m d’altitude. On retrouve alors les paysages désertiques avec de vastes étendues de piments étalés pour leur séchage.
Nous visitons le site archéologique de Caral, 6 pyramides datant de plus de 5000 ans av JC, c’est la plus ancienne cité précolombienne connue.
La côte ouest est ici aussi très pauvre et aride, à l’exception toutefois de Playa Chacra y mar et son Eco Truly Park. Les Trulys sont des constructions en adobe en forme d’ogive, leur conférant une grande solidité et une bonne isolation. Ce park est le plus grand temple Bouddhiste d’Amérique du Sud et ses promoteurs ont mis en avant les énergies renouvelables, toilettes sèches, cultures bio.
A Lima, nous finissons de nous rééquiper et changeons les pneus de Vagabond avant d’aller visiter le très intéressant musée national d’anthropologie et d’archéologie. Chaque civilisation a sa propre salle dans laquelle sont exposés poteries, tissages, outils, bijoux ect…soit plusieurs millier d’années d’artisanat sous nos yeux.
Arrivés à Paracas nous nous rendons sur la plage, juste à l’entrée du parc national. Nous découvrons par hasard le spot de kitesurf régional. Bien accueillis par Claire et Christian (Nimois), gérants instructeurs du club de kite « kangaroo kite », nous allons y rester 8 jours. Ils laissent leurs installations à notre disposition et nous indiquent les sites intéressants des alentours. De plus, dès le 2ème jour, nous rencontrons Valentin, jeune kite surfeur Lillois voyageant sac à dos, puis voyons arriver Line et Julien à bord de leur Land Rover Perpignanais. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas passé nos fins de journées en bavardages, apéros et asados avec autant de Français.
Nous emmenons Valentin pour la visite du parc national de Paracas, grand désert côtier. La piste traverse des décors magnifiques de terres et sables multicolores pendant environ 50 km pour arriver à la Laguna Grande où les eaux turquoises et moutonnantes invitent Valentin et Alain à quelques heures de kite dans ce cadre exceptionnel.
Un autre attrait de Paracas est la visite des îles Ballestas que nous approchons en bateau pour voir les milliers d’oiseaux qui les habitent. Au passage nous voyons l’imposant géoglyphe du candélabre ou cactus pedro (128m de long et 78m de large) tracé sur le flanc d’une dune. Peut être un repère pour les pirates? ou une représentation du cactus pour la civilisation nazca?
Un peu plus loin, à Ica, nous allons au domaine viticole de Tacama, 700 ha de vignes, réputé entre autre pour la fabrication du Pisco ( alcool fort national) distillé à partir du raisin.
L’oasis de Huacachina est nichée au creux de grandes dunes de sable et le village entier est consacré au tourisme.
Nous empruntons un buggy pour monter au coeur de ces dunes où Alain fait une descente en surf (sandboard). Françoise brandit la planche pour la photo mais ne se lance pas….
Nazca est un site archéologique des plus énigmatiques. Dans un désert, sur 700 km² des lignes, des figures géométriques et des géoglyphes ont étés tracés en écartant les cailloux foncés (oxydés) pour découvrir le sol plus clair. Certains dessins font jusqu’à 300 m de long et les lignes plusieurs kilomètres. C’est uniquement du ciel que l’on peut les voir et elles n’ont été découvertes qu’avec les premiers avions commerciaux qui les ont survolées. La route Panaméricaine coupe certains géoglyphes et malgré cela lors de sa construction personne ne les a vus. Leur traçage s’étale de 300 av JC à 800 ap JC d’après les analyses au carbone 14 qui ont été faites des poteries retrouvées à certains points de rencontre des lignes (probablement des lieux de cultes..).
Lors de notre vol à bord d’un avion Cessna, nous avons pu voir outre les lignes et figures géométriques: la baleine, l’astronaute, le singe, le chien, le colibri, l’araignée, le condor, les mains, l’arbre, la grande aigrette, le lézard et le perroquet.. A vous de les retrouver!!
Grâce au climat très sec (il pleut ici en moyenne 4mm sur 2 jours /an), toutes ces traces perdurent mais personne ne peut à ce jour expliquer comment et pourquoi ces lignes ont été faites.
Les ruines de Los Paredones prouvent que Nazca était un grand centre administratif et les aqueducs de Cantalloc sont une démonstration de la maîtrise hydraulique de la civilisation Nazca.
Notez que la morsure de Françoise finit de cicatriser et qu’à priori, elle n’a pas la rage!!! Merci à tous ceux qui ont pris de ses nouvelles
Nous entrons au Pérou par le poste frontière de Tumbes, tout près du Pacifique, et dès notre premier bivouac nous profitons d’un superbe coucher de soleil sur l’océan.
Mancora avec sa belle plage est un fief de surfeurs et paraît-il de kite surfeurs mais le vent reste trop faible pendant les deux jours que nous y restons.
Pour se rendre à Lobitos, la route traverse des paysages désertiques parsemés de quelques oasis dès qu’on approche d’un rare cours d’eau. Grâce à l’irrigation maîtrisée depuis l’antiquité, on trouve alors des plantations de canne à sucre et des rizières au beau milieu de ces déserts. Dans cet univers minéral, si le sol n’est pas riche, le sous sol par contre recèle quantité de pétrole, à voir les centaines de puits en activité reliés par de petits oléoducs.
Lobitos accueille les championnats nationaux de surf car de belles vagues viennent s’y dérouler. Nous nous régalons du spectacle offert par de bons surfeurs près de la pointe rocheuse.
Toujours plus au sud et à travers des déserts nous passons par Païta. Nous avons l’impression d’une ville au milieu d’une décharge poussiéreuse qui ne donne vraiment pas envie de s’y arrêter. Nous atteignons la belle plage de « Los Cangrejos » à côté de Yasila, station balnéaire fantôme, totalement inhabitée. Nous avons cette grande plage pour nous seuls et nous y bivouaquons.
Nous visitons le vaste site archéologique de Tucume (ou vallée des pyramides) où 26 pyramides de terre avaient été érigées sous le puissant empire Mochica (4ème au 9ème siècle). La Huaca Larga est la plus grande construction en adobe du monde (700m.X 280m.X 30m.). Un superbe musée a été récemment construit sur le site où on peut y admirer de nombreuses poteries fines et travaillées, superbement décorées.
A Sipan, nous visitons la pyramide Huaca Rajada dans laquelle les archéologues ont découvert la magnifique tombe du seigneur de Sipan, sépulture intacte d’un souverain Mochica accompagné de son épouse, de 2 favorites, d’un jeune enfant, d’un gardien, de 3 guerriers en arme, d’un lama et d’un chien. Tout ce petit monde sacrifié, avait été enseveli avec objets familiers et bijoux, soit un trésor de 1000 pièces dont une partie est visible dans le musée.
Nous rejoignons la côte à Pimentel où les pêcheurs utilisent toujours les « Caballitos de Totora » (petits chevaux de roseaux) pour aller poser leurs filets. Alain profite du vent pour aller kite-surfer parmi eux.
Plus au Sud, nous traversons le désert de Sechura, vastes étendues plates de terre et de sable sans la moindre végétation jusqu’à l’approche de reliefs sur lesquels le sable s’est joliment accumulé et aux pieds desquels on retrouve les oasis.
La ville coloniale de Cajamarca est le point de départ de la piste qui mène dans les montagnes à Cumbe Mayo, un remarquable site précolombien d’ingéniérie hydraulique avec ses canaux creusés dans la roche qui alimentaient l’ancienne ville de Cajamarca.
De retour de la randonnée le long de ces canaux, Françoise a été mordue au mollet par un chien errant. Après s’être désinfectée et pansée, nous sommes rapidement redescendus sur Cajamarca pour qu’elle reçoive un vaccin antirabique. Les 5 doses de ce traitement sont étalées sur 21 jours. Nous devons donc établir notre itinéraire pour les 3 semaines à venir afin de nous trouver au bon moment dans des villes pourvues d’hopitaux possédant le vaccin.
A »los Baños del Inca » des sources d’eau chaude (70°) ont été mises à profit pour alimenter de grandes piscines et tout un complexe thermal. Seul Alain peut en profiter car pour Françoise c’est la double peine, la morsure lui interdisant la baignade. C’est là que nous retrouvons les « Palatheo » avec qui nous allons visiter le site de »Ventanillas de Ocuzco », falaise dans laquelle de nombreuses niches tombales avaient été creusées.
Notre destination hôpital suivante est Trujillo,
nous nous rendons directement à l’hôpital et nous nous garons juste à côté, au bord d’une grande avenue. De retour de la vaccination, nous avons la très mauvaise surprise de constater que Vagabond a été dévalisé. La petite vitre fixe de la portière avant a été sortie de son caoutchouc. A l’interieur c’est la désolation : plus d’habits, d’appareils photos, de chaussures etc…Par chance Alain avait mis les ordinateurs dans le coffre arrière sécurisé.
C’est le moral dans les chaussettes (que nous n’avons plus…) que nous partons bivouaquer à Huanchaco, la station balnéaire de Trujillo. Après une journée shopping pour commencer à nous rééquiper, Alain va se changer les idées en prenant un cours de surf.
Le soir Pascal, Laeticia et Théo nous rejoignent, et pour nous remonter le moral nous invitent à venir manger une fondue savoyarde dans leur camion, merci à eux. Nous ne les reverrons problablement plus sur ce continent car ils rentrent en France pour 4 mois. Le lendemain c’est encore avec eux que nous allons visiter Chan-Chan, capitale de l’empire Chimu ( 9ème au 15ème siècle), la plus grande cité de terre connue où vivaient environ 60000 personnes. Celle ci avait été détruite par les Incas mais les ruines qui avaient éte recouvertes de sable sont relativement bien conservées. José notre guide -archéologue-artiste nous fait revivre le passé en musique.
A noter qu’ils n’utilisaient pas la roue car le cercle représentait les divinités Soleil et Lune.
Construction anti sismique.
Dernière soirée avec les Richard (Le Palatheo), Marie-José et Guy (voyageurs au long cours qui remontent vers l’Alaska), et comme souvent une rencontre entre Français se termine autour d’une table (notez la bouteille de pastis).
De l’autre côté de Trujillo,nous découvrons Huaca de la Luna,pyramide dans laquelle les restes de 107 guerriers sacrifiés ont été retrouvés, là aussi nous visitons un beau musée.
Pour rejoindre le pied de la cordillère blanche, nous traversons à nouveau de grandes étendues désertiques par des plateaux encadrés de montagnes aux roches offrant un festival de couleurs. Nous constatons que dés qu’on s’éloigne de la côte, l’environnement est beaucoup plus propre.
Nous empruntons le »Cañon del Pato », une route étroite accrochée au flanc de la montagne qui passe sous la roche dans de nombreux tunnels.
Dés notre entrée au Pérou par le Nord Ouest et ses plaines désertiques, nous avons été confrontés à la pauvreté, aux habitations précaires de planches et de tôles et à la saleté, particulièrement à l’approche des agglomérations où visiblement aucun service de collecte des déchets n’a été mis en place. Les voitures particulières restent l’apanage d’une petite minorité de la population. Le parc automobile est principalement composé de mini taxis, mini bus et d’une multitude de moto taxis que les locaux empruntent parfois pour quelques centaines de mètres. Conducteur de taxis est problablement l’emploi n°1 dans le pays,mais dans les villes ils ignorent totalement le code de la route (y en a-t-il un au Pérou?) et se permettent toutes les fantaisies.
De retour d’Amazonie, nous arrivons à Banos par la vallée des cascades dans laquelle le rio Pastaza a creusé de profondes gorges.
Cette ville thermale profite des eaux chaudes sulfureuses qui proviennent du volcan Tungurahua très proche.
De la ville une barre rocheuse cache le volcan. Nous y montons en profitant de beaux points de vue sur Banos pour atteindre la « casa del arbol » où une balançoire a été installée tout au bord du ravin, juste en face du volcan. Celui ci est actuellement en forte activité, puisqu’il a été en éruption pendant 10 jours au début de ce mois et son sommet enneigé que nous apercevons furtivement entre les nuages est recouvert de cendres.
Garés au bord du cratère du Quilotoa, nous voyons arriver un 4X4 avec cellule immatriculé dans la Drôme. C’est celui de Michel et Doreen qui sont en train de remonter les Amériques. Nous passons de longues heures à discuter avec ces sympathiques voyageurs chevronnés. Le lendemain, nous descendons dans le cône presque parfait du volcan Quilotoa pour atteindre le bord de la lagune dont la profondeur reste à ce jour inconnue, malgré les plongées que le commandant Cousteau y avait faites. Le soir après un bout de route commune, nous nous arrêtons dans un hameau des Andes parmi vaches et lamas et poursuivons nos discussions autour d’un apéro qui se termine tard…
Les terres sont ici très fertiles (cendres volcaniques) et sont partout cultivées même sur de fortes pentes.
Nous nous rendons au parc du volcan Cotopaxi, lui aussi en activité, entré en éruption en Avril 2015. Nous espérions pouvoir randonner jusqu’au pied du glacier mais toute la zone est actuellement interdite d’accès. Nous nous contentons donc d’une balade autour de la lagune de Limpiopungo en gardant un oeil sur le volcan pour saisir le moment où le sommet sortirait des nuages. Au dessus de cette lagune nous sommes étonnés de voir des mouettes à cette altitude. Il s’agit de mouettes des Andes, seule variété vivant à plus de 3000 m.
Nous retournons à Quito sous un gros orage pour récupérer notre pièce chez DHL (aussitôt montée et le défaut supprimé); puis nous contactons Pascal (Français), l’importateur Sherco en Equateur qui nous invite au restaurant avec sa compagne pour une soirée très agréable.
Le lendemain, la pluie incessante nous décide à partir vers la côte Pacifique. Bien nous en a pris car nous arrivons à Canoa sous le soleil et retrouvons des températures de plus de 30° pour des baignades bien agréables. Nous passons ainsi pendant quelques jours de plage en plage: San Lorenzo, Puerto Cayo, playa des los Frailes, Salengo, Olon, avant de nous rendre à Guayaquil où nous laissons Vagabond 6 jours pour une escapade aux îles Galapagos (voir blog spécial).
De retour des îles Galapagos, nous partons sur 150 km vers l’est à travers les immenses rizières entourant Guayaquil.
La journée suivante est marquée par de grands dénivelés, bien sûr accompagnés de forts changements de température: petit déjeuner à 27 m (32°), dîner à 4200 m (15°) au milieu des vigognes, puis entrée dans le parc du volcan Chimborazo pour grimper par une piste jusqu’au parking du 1er refuge à 4867 m (10°), plus haut que le sommet du Mont Blanc confortablement installés dans Vagabond! C’est là que commence le sentier d’escalade du volcan qui culmine à 6310 m (le mont le plus haut d’Equateur). La terre étant renflée à l’Equateur, c’est même le sommet le plus éloigné du centre de la terre…ou le plus proche du soleil. Françoise se sentant oppressée, début de MAM? ( Mal Aigu des Montagnes) attend au camion qu’Alain grimpe jusqu’au second refuge à 5100 m, au niveau duquel se trouve une petite lagune et la neige.
Dès son retour nous entamons la descente pour aller dormir au bord de la lagune de Colta à 3300m. C’est là que, alors que la nuit était tombée, nous voyons arriver une voiture de police d’où Darwin et Franklin sortent et se renseignent sur nos intentions. Nous leur expliquons que nous comptons dormir là, dans notre « casa rodante » et leur proposons de rentrer la visiter pour satisfaire leur curiosité. Très sympas, ils tiendront à se prendre en photo souvenir avec nous, impressionnés par notre parcours.
Nous nous arrêtons à Guamote, ville de montagne, car c’est jour de marché. Sur les trottoirs on trouve de tout comme ces marmites à base de pneumatiques dont nous nous demandons l’usage. De nombreux couturiers indigènes sont alignés, équipés de machines à coudre « Singer », ils fabriquent les vêtements sur place.
A Alausi, nous prenons le train touristique qui serpente dans le défilé de la « Nariz del Diablo » au ras de précipices impressionnants.
Nous y rencontrons Adrien, jeune français voyageur « sac à dos » dont les 2 prochains objectifs sont les mêmes que les nôtres. Nous l’emmenons donc jusqu’à Incapirca où nous faisons la visite du plus important site archéologique de l’Equateur. Ces lieux furent occupés par par les Canaris bien avant que les Incas ne l’agrandissent.
Le lendemain nous partons sur Cuenca où nous laissons Adrien en espérant le retrouver plus tard, car lui aussi descend l’Amérique du Sud.
Nous allons visiter le centre historique qui abrite de belles demeures coloniales et, autour du parc Calderon, de nombreux grands édifices dont la cathédrale avec son interieur en marbre et la cour de justice en pierre de lave.
Cuenca est au confluent de trois rivières. Nous profitons des pistes cyclables qui sont aménagées sur leurs berges pour aller à vélo visiter le site archéologique de Pumapungo situé près du centre ville.
Notre dernière escale en Equateur est dans la ville de Zaruma qui doit sa richesse à l’exploitation de mines riches en or, argent et cuivre depuis l’époque coloniale. Les maisons en bois sont superbement décorées ainsi que le sanctuaire de la « Virgen del Carmen ». Nous allons visiter une galerie abandonnée de la mine « El Sexmo » qui a été aménagée pour le tourisme.
La vie en Equateur reste bon marché: restau à 2 euros menu complet, gasoil à 0,24 Euros….Toutefois depuis la crise du pétrole l’économie est devenue difficile car ils n’en exportent plus, les privant des entrées de dollars US (leur monnaie locale). Pour compenser, le gouvernement taxe lourdement les produits importés ce qui les rend très coûteux.
Nous avons bien apprécié ce pays pour la grande diversité des paysages qu’il offre ainsi que pour la gentillesse de ses habitants.
Guayaquil est notre point de départ pour les îles Galapagos.
Celles ci, territoire Equatorien, sont en plein Pacifique à 1000 km des côtes. Nous laissons Vagabond sur un parking gardienné au centre de la ville et partons en avion pour découvrir pendant 6 jours ces îles. La petite île de Baltra, désert de pierre volcanique, est dédiée à l’aéroport.
Elle est tout à côté de l’île Santa Cruz où nous avons réservé notre première nuit d’hôtel. Dès notre arrivée le bus de l’aéroport nous amène à un bac pour rejoindre cette île puis un autre bus nous dépose 42 km plus loin à Puerto Ayora.
C’est la plaque tournante pour tous les tours sur les autres îles. Nous choisissons de partir 3 jours sur la plus grande, l’île Isabela mais auparavant nous faisons le tour de la baie de Puerto Ayora pour apprécier les grands cactus poussant à même la roche, puis les nombreux Iguanes marins et Lions de mer y prenant leur bain de soleil. Nous allons nager avec de grandes tortues, apercevons furtivement un petit requin pointe noire puis de grandes raies.
Sur l’île Isabela,
nous allons au bord d’une lagune dans laquelle les flamants roses se nourrissent puis passons par une réserve d’énormes tortues terrestres.
Nous allons à nouveau nager parmi tortues, iguanes et poissons multicolores. Sur les rochers nous voyons des manchots, une espèce endémique, mais aussi des fous aux pattes bleues ou rouges parmi nombre de frégates, cormorans et pélicans.
L’île Isabela s’est formée par l’éruption de 6 volcans, le principal d’entre eux étant le Sierra Negra, en activité, dont l’énorme cratère de 11 km de diamètre est le deuxième plus grand au monde. Nous partons à 6h30 du matin pour une approche de 45mn en chiva (petit bus local ouvert) puis randonnons par un chemin qui longe le cratère pour atteindre 8 km plus loin à travers les coulées de lave, le volcan Chico.
De retour sur Santa Cruz, nous allons traverser un long tunnel de lave puis marcher à côté d’impressionnantes tortues terrestres.
Nous allons passer notre dernière journée aux Galapagos au bord de l’île Santa Fé pour à nouveau profiter de baignades avec quantité de poissons et lions de mer qui s’approchent de nous pour jouer.
Le soir, nous retrouvons Pascal, Laeticia et Théo, arrivés le matin sur l’île, pour une soirée restaurant.
Durant 6 jours nous avons admiré cette nature merveilleuse, mais qui sait aussi parfois se montrer cruelle, comme cela a été le cas pendant notre séjour aux Galapagos : un violent tremblement de terre a secoué la bordure maritime de l’Equateur semant la mort et la désolation dans les territoires que nous avions visité juste avant. Arrivés à Guayaquil, nous étions un peu inquiets au moment de retrouver Vagabond, car à 100 m du parking les pelleteuses étaient entrain de déblayer un pont effondré. Par bonheur les murs auprès desquels il était garé ne s’étaient pas écroulés.
L’entrée en Equateur se fait sans problème. Il faut dire que le passage de frontière devient de la routine : 26 ème tampon sur nos passeports depuis notre arrivée, il y a 2 ans, sur les Amériques.
Peu après la frontière nous embarquons deux jeunes autostoppeurs, Kevin et Marine, Français voyageurs sac à dos avec qui nous partageons un bout de route et un repas.
Cotacachi est la 1ère ville que nous visitons. Réputée pour le travail du cuir, nous en profitons pour acheter ceinture et chaussures. La population est à majorité indigène, vêtue traditionnellement.
Nous partons faire le tour de la lagune de Cuicocha par les chemins de crêtes. Elle s’est formée dans le cratère du volcan Cotacachi.
A Otavalo, la spécialité est le tissage effectué par les indiens. Le marché de la place « Los Ponchos » propose une grande variété de vêtements colorés. Le samedi matin, nous allons sur le marché aux bestiaux où se vendent, s’achètent ou s’échangent toutes sortes d’animaux. Parmi eux, on trouve des cochons d’Inde qui sont ici un mets très apprécié.
Le lendemain nous allons au restaurant pour en manger et lui trouvons un goût mi lapin- mi poulet…
De l’autre côté d’Otavalo, une marche nous amène à la cascade de Peguche, puis à la lagune de San Pedro, au pied du volcan Imbabura.
Après quelques kilomètres d’une route pavée, nous arrivons au bord de la lagune grande de Mojanda et partons à nouveau nous promener jusqu’à la laguna Pequeña.
Au retour vers Otavalo, nous faisons une halte vers la cascade de Taxopamba accompagnés des chiens du camping où nous bivouaquons.
Toutes ces marches sont entre 3000 et 4000 m d’altitude et, accoutumance aidant, cela nous pose moins de problème.
A Cayambe, nous franchissons pour la première fois la ligne de l’équateur. Un monument, grand cadran solaire, a été constuit juste sur cette ligne. Nous y sommes le 19/03, à 2 jours du solstice, jour où à midi l’ombre disparaît totalement, soleil au zénith.
Après être repassés brièvement dans l’hémisphère nord, nous nous rendons à la Mitad del Mundo où un grand parc a été construit sur l’équateur. Premier lieu touristique du pays, nous n’y entrons pas et préférons aller visiter juste à côté le musée Inti-Nam. Nous assistons à quelques expériences et explications sur la force de Coriolis.
Quito, capitale de l’Equateur s’étale sur 30 km de long dans une vallée à 2800 m d’altitude et, comme Mexico, s’est développée sur les flancs des montagnes qui l’encadrent.
En y arrivant, Vagabond affiche une anomalie du système ABS. Nous nous rendons chez Mercedes où ils diagnostiquent un capteur de tours de roue défectueux. Pièce non disponible, ils nous annoncent un délai de 30 jours pour la recevoir en nous expliquant qu’en Equateur les pièces importées sont longuement retenues en douane pour taxation et éviter les importations frauduleuses. Alain fait appel à son frère Gérard pour se faire envoyer la pièce depuis la France par DHL, et ainsi l’obtenir en moins de 8 jours si tout se passe bien.
Pendant ce temps nous décidons de partir en Amazonie. Pour cela, il faut traverser la Cordillère des Andes, en passant par des cols à plus de 4000 m. avant de plonger vers les plaines Amazoniennes. Les paysages de montagne sont magnifiques de verdure et d’eau. Cette dernière regorge de partout en torrents, cascades et les glissements de terrain ayant emporté une voie de la route sont nombreux.
Nous allons jusqu’à Coca, la ville la plus à l’est de l’Equateur au bord du grand fleuve Napo qui s’étale dans les plaines. Nous y laissons Vagabond en gardiennage et embarquons sur une lancha collective pour atteindre, après 9 h de navigation et plus de 200 km le village de Nueva Roca Fuerte, isolé en pleine Amazonie tout près de la frontière Péruvienne.
Là, aucune voiture et pour cause, aucun accès terrestre, mais une très belle école toute neuve trône au milieu des habitations modestes. Une pancarte du gouvernement annonce que c’est grâce aux revenus des exploitations pétrolières qu’elle a été financée…une manière de faire passer la pilule auprès des populations indigènes opposées à cette activité qui cause la disparition de grandes surfaces de forêt qu’ils habitent ancestralement.
Après une nuit dans un des deux hôtels, nous partons pour deux jours avec Fernando, notre guide, et sa famille sur sa lancha.
Nous pénétrons au cœur du parc Yasuni, univers d’eau et de forêt primaire équatoriale dense.
Fernando est natif de Roca Fuerte et nous fait découvrir avec passion son amazonie. Il en connaît toutes les plantes et toute la faune. Ainsi, lors d’une marche, Fernando ouvrant le chemin à grands coups de machette, nous allons goûter à de nombreuses plantes médicinales dont l’écorce de liane de curare bénéfique pour l’estomac, mais que les indigènes utilisent aussi, après décoction , pour empoisonner les dards de leurs flèches de sarbacanes, pour la chasse.
Nous attendons la nuit sur la lagune de Jatuncocha pour un retour au campement à la lumière d’une lampe torche afin de voir les yeux rouges fluorescents des Caïmans. Nous passons la nuit sous la tente, isolés au cœur de la forêt, et contrairement au silence auquel nous nous attendions, nous avons droit à une cacophonie orchestrée par singes hurleurs, crapauds, grenouilles et autres animaux non identifiés.
De bon matin nous partons vers la laguna Tambococha afin d’observer les oiseaux puis repartons dans la jungle où nous avons la chance de pouvoir observer tour à tour 3 espèces différentes de singes dont les singes hurleurs rouges.
Sur le retour en lancha nous nous arrêtons pour une partie de pêche au pirhana. Par deux fois fernando en sort de l’eau mais, mal ferrés, nous avons juste le temps de les apercevoir. Quand à nous, nous les nourrissons avec les carrés de viande de bœuf qu’ils s’ingénient à manger autour de nos hameçons.
Nous avions fait le choix de ne pas emporter l’appareil photo reflex pour ne pas l’exposer aux abondantes pluies qui nous étaient promises (nous sommes en pleine saison des pluies). Nous ne ramenons de ce séjour en Amazonie que des photos prises avec un compact, donc peu d’images d’animaux. Un petit regret car nous n’avons pas eu de pluie, et même une belle journée ensoleillée le 2ème jour.
Le retour sur le Napo se faisant à contre courant, nous mettons 12h30 pour rallier Coca et boucler cette intéressante expérience de l’Amazonie.